
Nous sommes en 2016. Dans le Grand Chalon, tout le vin produit est issus des communes la Côte chalonnaise et des Maranges. Tout ? Non ! Des irréductibles passionnés résistent et consomment le vin issus de leur vignoble à Fragnes – La Loyère et Allerey-sur-Saône… Partons à leur rencontre.
Le vin Loiseau de Fragnes
« Pierre Loiseau, 92 ans, vigneron depuis l’âge de 7 ans et propriétaire de 15 ares de vignes ! ». Cette année, le patriarche de ses irréductibles vignerons de Fragnes – LaLoyère n’est pas très content. Le gel a réduit sa production à néant. « On avait tout bien taillé et puis… le gel. On a baissé les bras ! » avoue Bernard, le fils de Pierre.
Pourtant, chaque année, la famille Loiseau récolte de quoi faire 1 ou 2 pièces de vins. Dans les parcelles, 6 ou 7 vieux cépages : « Pinot, Gamay, même du Foch et du Noah ! Mon grand-père avait aussi planté de l’Oberlin. Les pieds ont plus de 100 ans aujourd’hui ! » lance fièrement Pierre Loiseau.
Ces quelques ares de vignes que la famille entretient de génération en génération témoignent d’un temps où les Fragnois récoltaient le raisin sur les coteaux du canal et où Condemène était un hameau recouvert de vignes… « Y’en avait même qui vendait leur raisin pour faire du champagne ! » raconte Pierre. Comme dans d’autres communes alentours, la vigne faisait partie du quotidien des familles.
Aujourd’hui, seule la famille Loiseau perpétue cette tradition à Fragnes et, elle devrait perdurer quelques années encore car Bernard nous l’a promis : « L’année prochaine : on fera mieux. »
Il était une fois, le vin d’Allerey-sur-Saône
Allerey-sur-Saône. Plaine de Saône. Pas une vigne à l’horizon. Et pourtant… Les caves de la mairie abritent de bonnes bouteilles de Beaune 1er cru et le CCAS vend près de 700 bouteilles de ce vin par an. Sur l’étiquette « Grands vins du Bureau de Bienfaisance d’Allerey ». Alors çà !
Un peu d’histoire
Pour percer le mystère, il faut remonter quelques siècles en arrière, alors que la Saône était la voie royale pour le transport de marchandises. Allerey-sur-Saône était alors l’un des plus important port de la région. Au lieudit Chauvort se croisaient de nobles beaunois, les Leblancs et de riches marchands, les Lebault. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants : trois maires à Beaune, des ecclésiastiques dont trois curés d’Allerey, un peintre du roi Louis XIV, des avocats, des procureurs, des marchands et, dernier descendant de cette longue lignée : Pierre Frédéric Leblanc. A sa mort en 1868, il lègue tous ses biens au « Bureau des pauvres » de la commune dont un domaine de cinq hectares de Beaune 1er cru.
« Le secours pour l’Indigent, et l’Ecole pour l’Enfant » depuis 150 ans
Depuis cette date, le CCAS de la Mairie d’Allerey-sur-Saône confie ces vignes à un métayer qui les exploite en échange d’une partie de la récolte. Il s’agit aujourd’hui du domaine Maxime Champaud et Philippe Germain de Nantoux. De son côté, la commune continue chaque année de vendre son vin à l’accueil de la Mairie et ce qu’il reste à des négociants. Selon les volontés de Pierre Frédéric Leblanc, « Le secours pour l’Indigent, et l’Ecole pour l’Enfant », le bénéfice net de ces ventes sert à financer les projets de l’école et du CCAS de la commune. En cours : la rénovation de deux logements à loyer modéré sur la commune. Une bien belle histoire qui marque le village depuis près de 150 ans et qui semble-t-il, n’est pas prêt de s’arrêter. En savoir plus sur Allerey-sur-Saône et son histoire