Dans le Grand Chalon, de nombreuses entreprises industrielles ont choisi de poursuivre leur activité malgré la crise du Covid 19. Elles ont dû trouver des solutions pour s’adapter et assurer la sécurité de leurs salariés. Trois d’entre elles témoignent de leur nouveau quotidien.

Chez Sateba, leader européen de la fabrication de traverses en béton pour les voies ferrées, l’annonce du confinement le 17 mars a contraint l’entreprise chalonnaise à s’arrêter brutalement. « Suite aux annonces du chef de l’état le 16 Mars, l’activité a été dans un premier temps partiellement suspendue afin de nous permettre la mise en place des conditions sanitaires indispensables à la protection des employés. Nous ne savions pas quelles seraient les conséquences immédiates sur nos fournisseurs par exemple et si nous pourrions poursuivre la fabrication » se rappelle Nicolas Bredy directeur de l’usine. « Nous avons toujours conservé une activité minimale sur le site. Nous avons fait appel au dispositif d’activité partielle pour les équipes de fabrication de traverses dont la réorganisation des postes de travail était nécessaire, mais à partir du 1er avril, nous avons progressivement repris cette activité. Aujourd’hui, nous fonctionnons avec quasiment 100 % des salariés présents. Nous avions réceptionné des fournitures en mars et nous honorons aujourd’hui les commandes passées. »

A Saint-Loup-Géanges, Mécanique et Services   a dû elle-aussi faire face à la crise sanitaire. Dirigée par David Berthier, l’entreprise de 25 salariés poursuit son activité. « Nous avions fermé l’entreprise mais comme nous travaillons pour les secteurs du nucléaire, de l’agroalimentaire et pour des laboratoires pharmaceutiques, nous avons décidé de reprendre pour assurer les livraisons à nos clients. Nous avons des commandes à honorer d’avant le confinement et si, aujourd’hui, notre entreprise peut faire face à la perte de chiffre d’affaires, j’ai plus d’incertitudes sur la fin de l’année et sur une baisse drastique des commandes et des investissements de nos clients ».

Enfin, chez ERAT Industrie à Châtenoy-le-Royal, entreprise spécialisée dans la mécanique et l’outillage de précision, le confinement a été synonyme d’arrêt brutal : « Nous travaillons pour des verriers mais aussi pour des entreprises de retraitement des déchets et là, en raison de la peur du virus, les chantiers se sont arrêtés  d’un coup, se souvient Julien Carraud, à la tête de la PME de 10 personnes. « Au début, j’ai gardé 3 salariés pour la maintenance et la réparation des moules notamment chez Verallia et les autres ont été mis au chômage partiel. L’objectif est vraiment de préserver l’emploi dans cette période difficile pour nous avec une grosse perte de chiffre d’affaires. »

Une organisation bouleversée

Si les industries ont repris leurs activités, elles n’ont pu y parvenir qu’en mettant en place des mesures spécifiques pour protéger leurs salariés. Chez Sateba, une nouvelle organisation a été mise en place en lien avec la médecine du travail. Equipes réduites, horaires aménagés. port de visières et de masques de protection et distanciation des postes de travail sont devenus obligatoires. « Si cela est nécessaire, nous pourrons continuer ainsi jusqu’au mois d’août, quitte à prendre de nouvelles mesures pour revenir à notre performance habituelle tout en continuant à garantir la sécurité de tous nos salariés avec des vestiaires extérieurs par exemple » précise Nicolas Bredy. Chez Mécanique et Services, la reprise a dû s’organiser très rapidement. «Nous avons mis en chômage partiel les alternants et les salariés à risques mais le plus compliqué a été de trouver du gel hydro alcoolique et des masques. Je suis passé par un ami à Dôle pour le gel qui m’a dépanné d’un bidon de 5 litres et pour les masques, nous avons fait appel à une couturière et par une plateforme mise en place par la CCI pour commander en Chine » explique David Berthier. Pas de problème du côté des masques pour ERAT Industrie qui avait des équipements industriels en stocks, seule la distanciation peut être parfois difficilement mise en œuvre. « Quand il faut trois personnes pour soulever de grosses pièces, c’est compliqué d’être à plus d’un mètre, » reconnaît Julien Carraud.

Des projets malgré tout

Si l’entreprise Sateba compte avoir du travail jusqu’à cet été grâce à ses commandes reçues au premier trimestre, la situation est plus compliquée pour ERAT Industrie qui a vu son activité fortement impactée. « Le mois de mars a été catastrophique en terme de perte de chiffre d’affaires, mais nous devons garder le cap. Nous devions commencer en juin la construction de notre nouveau bâtiment sur la zone SaôneOr. Pour le moment, tout est en suspens mais j’espère que les semaines qui viennent nous permettront de surmonter la crise  », explique Julien Carraud. Enfin, chez Mécanique et Services où la production se poursuit malgré les contraintes, l’accent a été mis sur la prospection de nouveaux clients pour anticiper une éventuelle baisse des commandes au sortir de l’épidémie.