Alors que débute la nouvelle campagne Octobre Rose dans le Grand Chalon, Nassime Touillon, médecin coordonnateur au Centre régional de coordination des dépistages des cancers en Bourgogne-Franche-Comté, a répondu à nos questions sur le cancer du sein.

Quel est le rôle du Centre régional de coordination des dépistages des cancers ?

Autrefois appelé Ademas 71, le CRCDC- BFC gère le dépistage organisé du cancer du sein et du cancer colorectal, au niveau de la région et depuis ses antennes dans les départements. Je coordonne pour ma part l’antenne de Saône-et-Loire qui existe depuis 1998 à Mâcon. En ce qui concerne le dépistage organisé du cancer du sein, nous sommes chargés d’inviter par courrier, tous les deux ans, les femmes âgées de 50 à 74 ans, leur proposant de réaliser une mammographie dans un centre de radiologie agréé.

En quoi ce dépistage est essentiel dans cette tranche d’âge ?

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme et plus de 80% se développent après la ménopause. Il est donc important de passer une mammographie à partir de 50 ans pour détecter un cancer éventuel à un stade précoce, avant même l’apparition de tous symptômes (grosseur, écoulement du mamelon,  ….). Dans ce cas, les traitements dispensés et les séquelles sont moins lourds et les chances de guérison plus importantes. Un cancer du sein, détecté tôt, guérit 9 fois sur 10.

Seulement la moitié des femmes que vous invitez vont faire une mammographie. Comment expliquez-vous qu’elles ne soient pas plus nombreuses ? Que souhaitez-vous dire aux femmes pour les motiver ?

Il y a plusieurs raisons. Certaines femmes ont peur du résultat et préfèrent ne pas savoir, d’autres habitent loin des centres de radiologie et ont plus de difficultés à faire la démarche. Les problèmes de santé ou d’ordre sociaux sont aussi un frein pour certaines patientes. Pour les inciter à se faire dépister, je voudrais leur dire que dans le cadre du dépistage organisé, la mammographie est prise en charge à 100% sans avance de frais. Si une anomalie est détectée, des examens complémentaires sont réalisés immédiatement pour aider au diagnostic. Si aucune anomalie n’est suspectée, les clichés sont adressés au Centre de Dépistage pur une deuxième lecture par un radiologue expert. Cela augmente la sensibilité et la fiabilité de l’examen.

La peur des traitements, de la chimiothérapie notamment, fait que ce cancer est redouté par toutes les femmes. Est-ce que la recherche avance sur le diagnostic ? Pourra-t-ton un jour savoir si un cancer détecté précocement évoluera ou pas vers un cancer agressif ?  

C’est tout l’enjeu des recherches actuelles qui permettront de mieux connaitre le potentiel évolutif d’une tumeur prise à un stade précoce. Il faut dire aussi aux femmes que les médecins adaptent les traitements aux cancers : on ne traite pas un cancer localisé qu’on appelle « in situ » comme un cancer plus agressif appelé « invasif ».

Est-ce que vous recommandez également aux femmes de s’auto-examiner ?

Il est important d’être attentive à son corps pour remarquer une grosseur ou une modification sur le sein, mais cela peut aussi être anxiogène pour certaines femmes, car la plupart des anomalies sont bénignes. Je conseille plutôt aux femmes de se faire suivre par un professionnel de santé, médecin généraliste, gynécologue, ou sage- femme une fois par an qui pratiquera à cette occasion une palpation des seins.

Avant la ménopause et le dépistage organisé, est-ce que l’on peut conseiller les femmes qui voudraient prévenir le cancer du sein?

Les recommandations sont les mêmes quels que soient le type de cancer : il s’agit d’avoir une hygiène de vie et d’éviter la sédentarité, l’obésité, le tabac et l’alcool qui sont des facteurs de risque de la plupart des cancers. Pour le cancer du sein qui est un cancer lié aux hormones, on sait que l’âge tardif des grossesses est un facteur de risque et que l’allaitement joue, par-contre, un rôle protecteur.

Cette année, la crise sanitaire a compliqué les prises en charge et la prévention des maladies de façon générale. Quel message souhaitez-vous passer aux femmes ?

Je voudrais les inciter à ne pas repousser leur mammographie si elles y sont invitées.  Dans les centres de radiologie, tout est organisé pour pouvoir accueillir les femmes dans les meilleures conditions, sans risque de contamination. On ne le dira jamais assez mais se faire dépister, c’est mettre toutes les chances de son côté !

Chiffres clés

  • 58 000 cas de cancers du sein en 2018
  • 58 000 cas de cancers du sein en 2018
  • 12 000 décès par an
  • 87 % de survie à 5 ans
  • 50,3 % de femmes dépistées dans le cadre du programme organisé